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BIO

Née Eveline Killutat à Berlin en 1940,  EVA a débuté dans les cabarets de la Rive Gauche, connu le succès à Paris dès ses 22 ans puis au Québec qu’elle choisit comme terre d’adoption dans les années 1980.

   La chanteuse d’origine allemande EVA occupe dès les années 1960 une place particulière dans la chanson française. Elle  est née le 27 mai 1940, à Berlin, d’une mère lituanienne et d’un père russe qu'elle n'a jamais connu. « C'est pour ça que je chante. Pour surmonter l'échec de l'enfance », dira-t-elle bien plus tard. 
 

    Elle fait ses débuts dans le groupe de jazz de son lycée, puis, à 20 ans, décide de quitter sa ville natale avec 200 francs en poche pour venir étudier le journalisme à Paris. Ne parlant pas français, elle s'inscrit pourtant à la Sorbonne et suit des cours de lettres. Le soir, elle découvre les cabarets de la rive gauche, où se produisent Barbara, Anne Sylvestre, Serge Lama… Des artistes qu'elle rencontrera plus tard et dont elle interprétera certaines œuvres.
 

    Encouragée par des amis, elle se lance et auditionne à « La Polka des mandibules », qui l’engage aussitôt. Sa voix grave et feutrée impressionne et se distingue de la mode de l'époque. Elle se produit alors dans plusieurs lieux emblématiques de Saint-Germain-des-Prés et du Quartier Latin : Chez Georges, La Méthode, L'Écluse, L'Échelle de Jacob… C'est dans l'un de ces cabarets que Gilbert Sommier la découvre et décide de la programmer en octobre 1963 au théâtre des Capucines, où il organise Les Mardis de la chanson. Le succès est tel qu'il l'invite à faire la première partie de Georges Brassens à Bobino en 1964.
 

    Claude Dejacques, directeur artistique chez Philips, lui propose alors d'enregistrer son premier 45 tours, suivi rapidement d'un album dans lequel elle avoue avoir parfois chanté en phonétique. Sa première chanson diffusée est Libelei, interprétée en allemand. Toutefois, le Comité d'Écoute de la Radiodiffusion française l'interdit sur les ondes pour sensualité trop évocatrice. Dans une interview télévisée de 1965, EVA dira n'avoir jamais vraiment su la raison de cette interdiction, qui ne durera d’ailleurs pas longtemps. Il est fort probable que, vingt ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, la langue allemande ait encore eu une résonance douloureuse… « Barbara m'a défendue lorsque j'ai été bannie sur France Inter. C'est elle qui a fait lever l'interdiction. Elle s'est occupée de moi, a été ma directrice artistique, m'a acheté ma première robe. Si j'ai un peu de talent, c'est de l'avoir observée », confiera EVA en 2007 à Josée Blanchette dans Le Devoir (Montréal).
 

    Son premier album, qui recevra le Grand Prix du Disque, contient notamment deux chansons de Barbara, qui l'accompagne en improvisant un contrechant sur Pluie et Whisky, signée Sophie Makhno et Jorge Milchberg. S’ensuivent plusieurs 45 tours et albums, mettant en valeur des chansons originales écrites pour elle par des auteurs prestigieux ou en devenir. Ses orchestrations sont signées Michel Colombier, Jorge Milchberg, André Popp… Parmi ses titres marquants, on retrouve Mikelaï (Claude-Michel Schönberg et Jean Bériac), Comme les blés (paroles d'Anne Sylvestre sur un folklore israélien), Nocturne (Boris Bergman et Michel Bernholc), Le Mur (Michel Vaucaire et Charles Dumont), L'homme blanc dans l'église noire (Franck Gérald et Bernard Gérard), Les roses de Novgorod (Nino Rota et Nadine Laïk), ou encore Les enchaînés, adaptation d'Unchained Melody par Pierre Delanoë, qui connaîtra un grand succès.
 

     Elle partage la scène avec Serge Reggiani et Michel Sardou, puis se produit en vedette à Bobino. Elle tourne en France, en Belgique, en Suisse, au Liban… et au Canada, où elle est déjà accueillie avec enthousiasme.
À partir de 1970, EVA se consacre davantage à la composition et signe deux magnifiques succès sur des paroles de Laurence Matalon : Le cœur battant et Où s’en vont mourir les rêves. En 1972, elle remporte le prix d'interprétation et de composition du Festival de Sopot en Pologne, où elle représente la France. Elle collabore alors avec de nombreux auteurs et compositeurs tels que Danielle Vezolles (L'orage, Soleil de pluie), Alice Dona (J’ai la tête vide, On revient toujours de loin), Jean-Max Rivière (Mozart), Maxime Le Forestier (La vague et l’enfant), Laurence Matalon (Berlin, Amsterdam ou ailleurs, Oui nous referons un monde), Pierre Grosz (Peuple). Ses orchestrateurs comptent parmi les meilleurs : Jean Musy (Le cœur battant, 1971), Alain Goraguer (L’orage, 1972), Michel Bernholc (Sous les sunlights, 1976).

 

    Les émissions de télévision s’enchaînent et Denise Glaser, qui la soutient depuis ses débuts, lui consacre en exclusivité un Discorama le 21 mai 1972. EVA souhaite alors évoluer musicalement et toucher un plus large public. À la fin des années 70, elle explore différents styles musicaux à travers une série de 45 tours, allant de la ballade (Je ne sais pas le dire autrement, 1977) à la pop (Je m’en vais, 1978, adaptation de It's a Heartache de Bonnie Tyler).
 

     Le succès rencontré au Québec l’incite à s’y installer dans les années 1980. Une véritable histoire d’amour naît entre elle et le public québécois. Elle se produit en vedette à la salle Wilfrid-Pelletier, au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts à Montréal, au Grand Théâtre de Québec ainsi qu’au Centre national des Arts à Ottawa. 
 

    En 1997, lors du Festival international d’été de Québec, elle donne un récital piano-voix devant plus de cinq mille spectateurs qui l'ovationnent. Elle enregistre les albums Intérieurs (1984) et Vertiges (1994) et se produit également dans des récitals de lieder de Schubert, Mozart et Brahms. Parallèlement, elle renoue avec sa passion pour la peinture contemporaine et expose à plusieurs reprises.
 

    EVA vouait une profonde admiration à Marlene Dietrich, non seulement en tant qu’artiste, mais aussi en tant que femme engagée contre le nazisme pendant la guerre. En 2005, elle lui consacre ce qui sera son dernier album, À Marlene, où elle interprète en français, en anglais et en allemand les titres emblématiques de l’Ange bleu. Cet album, sobre et émouvant, uniquement piano et voix, est unanimement salué par la presse québécoise.
C’est au Goethe Institut de Montréal qu’elle donne son dernier spectacle en mai 2011. 

 

     EVA s’éteint au Québec le 10 mars 2020, après une longue maladie.

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